Revue Economique et Monétaire n° 23 de juin 2018
La Revue Economique et Monétaire (REM) est une revue scientifique éditée et publiée par la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), dans le cadre de ses actions destinées à promouvoir la recherche au sein de l'Institut d'émission et dans les Etats membres de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Cette revue a pour vocation de constituer un support de référence pour les publications des universitaires et chercheurs de l'UEMOA, mais aussi pour les travaux de recherche qui s'intéressent aux économies en développement en général et à celles de l'Union en particulier.
Ce vingt-troisième numéro de la Revue comprend deux (2) articles dont le premier est intitulé « IMF et pouvoir de création monétaire des banques : Mise en évidence du free lunch et application dans l’UEMOA » et le second « Investissements privés, investissements publics dans les pays de l'UEMOA : éviction ou complémentarité ? Une analyse à partir d’un modèle non linéaire ».
Le premier article revisite le cadre d’analyse traditionnel du multiplicateur monétaire, dans un contexte où le système financier est segmenté, du fait de la cohabitation du système bancaire et des Systèmes Financiers Décentralisés, c'est à dire les Institutions de Microfinance (IMF). L'auteur montre que la préférence des agents pour les billets est une fonction indirecte non seulement du taux d’intérêt créditeur bancaire, mais aussi de celui des IMF. En outre, il met en évidence une relation inverse entre le taux d’intérêt débiteur et la masse monétaire dans un tel système financier. Par ailleurs, il montre théoriquement que, lorsque les agents non financiers expriment une préférence pour les dépôts décentralisés, le multiplicateur monétaire qui en résulte est supérieur au multiplicateur traditionnel. Ainsi, l’activité d’intermédiation et de transformation financières des IMF amplifie le pouvoir de création monétaire des banques. Pour tirer bénéfice de cet avantage gratuit, l'auteur suggère la promotion des relations de complémentarité entre le secteur bancaire et le secteur des IMF dans le cadre des politiques d’articulation à implémenter par la Banque Centrale.
Le second article analyse la relation entre les investissements privés et publics, en s’inscrivant dans le prolongement de la théorie de la croissance endogène. Pour ce faire, il s'appuie sur un développement théorique, d’une part, et l’utilisation des méthodes d’estimation économétriques robustes, notamment le « Pooled Mean Group » (PMG) et le « Mean Group » (MG) sur des données de l’UEMOA, d'autre part. Il conclut que la relation entre les investissements publics et privés est non linéaire en présence d’externalité. En outre, les résultats économétriques indiquent que le niveau endogène de l’effort d’investissement public dans les pays de l'Union pour permettre une forte complémentarité avec les investissements privés, se situe entre 7,05% et 8,30% du PIB.
Au total, ce vingt-troisième numéro de la REM permet d’aborder à la fois les questions relatives au pouvoir de création monétaire des banques, en présence des IMF et celles liées à l'examen de la relation entre les investissements privés et publics dans l'UEMOA.